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Le Monde des Alternatives – Solidarische Landwirtschaft Freudenthal

Les modèles agricoles majoritaires actuels sont loin d’être irréprochables : intensifs, destructeurs des paysages et de la biodiversité et peu respectueux de la santé physique et mentale des agriculteurs. L’Allemagne n’échappe pas à la règle et développe même cette conception de l’agriculture jusque dans ses universités agricoles. Mais ce pays est également réputé pour avoir une population très engagée sur les questions écologiques et sociales, et qui développe des alternatives citoyennes dès que la possibilité se présente ou que la situation le requiert : ZAD, jardins partagés, refuges pour migrants… Les initiatives se multiplient et l’Etat semble suivre le mouvement, aidant parfois même certains projets au niveau fédéral ou régional.

Ainsi, pour proposer une alternative à l’agriculture conventionnelle, le mouvement Solidarische Landwirtschaft (Agriculture Solidaire) a vu le jour en Allemagne, dans la lignée des AMAP françaises : une communauté locale s’engage sur une longue durée autour de producteurs locaux, souvent biologiques et chaque membre assure en fonction de ses disponibilités la distribution des produits tout au long de l’année. L’avantage de ce système est d’avoir accès à une alimentation variée, locale, de saison, et respectueuse de la santé et de l’environnement à un prix abordable. En parallèle, le producteur est rémunéré de façon juste et sûre toute l’année.

La ferme de Freudenthal a choisi ce système, tout en créant une véritable communauté autour de l’agriculture : ainsi, la ferme est à la fois une colocation où se mélangent étudiants et fermiers, un lieu de production de fruits, légumes et herbes aromatiques et également un espace d’expérimentation pour l’université. En effet, Witzenhausen est réputée pour abriter la seule faculté d’agriculture biologique d’Allemagne. Ainsi, un bon nombre des membres de la SoLaWi sont des étudiants actifs ou en césure, même parmi les jardiniers permanents et des parcelles sont mises à disposition afin que ceux-ci réalisent des expérimentations comme des installations de permaculture.

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Cette collaboration permet à beaucoup d’étudiants d’appliquer sur le terrain la théorie apprise à la faculté mais aussi de développer leur créativité.

Même si vous n’êtes pas membre, il est toujours possible de téléphoner pour demander à rencontrer les jardiniers, visiter la ferme ou même proposer un coup de main, surtout pendant la période de récolte. Lorsqu’on arrive à Freudenthal, on est accueilli par un membre de la colocation qui nous amène au milieu des champs et des serres. Et on nous passe un sécateur : « si vous voulez, vous pouvez aller récolter les concombres dans la serre ». D’un claquement de doigts, on se retrouve plongé dans le quotidien de la ferme : récolte des légumes, rinçage des herbes aromatiques, préparation du repas tous ensemble… Les SoLaWi permettent de reprendre le rythme de la terre, de se lever et se coucher avec le soleil, rentrer couvert de terre mais victorieux avec de beaux légumes récoltés à la main. Et quand le soir, épuisé, on s’affale sur le canapé sous le hangar, on observe la terre fumer et respirer sous l’arrosage en entendant au loin les éclats de rire des colocataires qui jouent aux cartes.

La ferme de Freudenthal fait partie du réseau national Solidarische Landwirtschaft qui rassemble de nombreux projets partout en Allemagne et participe ainsi à un mouvement pour une autre agriculture : solidaire, participative, créative et respectueuse de l’environnement.

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Rédaction par Paule, étudiante à Sciences Po Paris, pour Cap ou pas cap

Photos par SoLaWi Freudenthal

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