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La transition citoyenne en Europe : des conceptions différentes

Le mouvement de la transition écologique, sociale et politique fait parler de lui en France à travers les initiatives citoyennes de fermes urbaines, de coopératives énergétiques, de ressourceries etc… mais il est présent, sous différentes formes en Europe. Le réseau français Cap ou pas Cap a sa propre définition des alternatives citoyennes qui portent la transition : ce sont des innovations populaires, des actions concrètes qui répondent à un besoin social et environnemental et des expériences collectives où chacun peut être acteur. Elles font écho à une volonté partagée de réinventer la une société.

Le type d’initiative ne change pas tellement d’un pays à l’autre. En revanche, la manière de définir la transition et de construire et penser les alternatives dans un mouvement global change d’un pays à l’autre. Cet article veut montrer ce qui change ou non entre les alternatives en Italie, Espagne, Allemagne, Grande Bretagne, Irlande, Luxembourg, Suisse et Autriche.
Selon les pays, les concepts et les valeurs que l’on retrouve dans la plupart des initiatives varient. Le concept de transition est très présent en France, mais aussi en Belgique, au Luxembourg et en Allemagne, même si les alternatives allemandes, autrichiennes et luxembourgeoise sont souvent plus politisées. La transition belge bénéficie de la visibilité que lui apporte depuis quelques mois la mobilisation des étudiants. En Suisse romande, l’accent est mis sur l’écologie. En Italie, le concept de transition n’est pas très répandu, les initiatives se construisent surtout autour des idées de bénévolat et de l’action écologique. La valorisation du bénévolat est aussi très présente en Irlande et en Angleterre, où la notion de communauté y est fondamentale. En Autriche, c’est le « faire soi-même » qui est mis à l’honneur.
Les porteurs du mouvement de la transition diffèrent aussi d’un pays à l’autre. En France, les alternatives citoyennes mettent en valeur leur indépendance vis-à-vis du politique et du secteur privé. Au Luxembourg et en Allemagne, le lien avec le politique fait souvent l’objet de débats.
Dans certains pays au contraire, les alternatives citoyennes bénéficient du soutien des collectivités locales, par exemple en Irlande, en Italie. Les alternatives italiennes sont aussi souvent en lien avec l’Eglise catholique notamment dans la lutte contre la pauvreté. En Irlande, au Luxembourg et en Belgique, l’accessibilité des élus ou la proximité des instances européenne encourage le militantisme politique, le lobbying écologique et social. Les alternatives espagnoles et italiennes s’associent aussi  régulièrement avec les acteurs du privé faute de fonds publics.
On peut aussi observer les différences de statuts et de taille des alternatives citoyennes. Par exemple, en Europe de l’Ouest et du Nord, et notamment aux Pays-Bas et en Angleterre, la forme de la coopérative est très utilisée, mais c’est beaucoup moins le cas dans les pays d’Europe du Sud. Certains États accordent un statut particulier aux alternatives citoyennes, comme l’Espagne avec les « entidades de participación ciudadana », d’autres comme l’Irlande sont simplement reconnues comme associations. L’Union européenne a tout juste défini dans le Clean Energy Package les « communautés énergétiques citoyennes » et leur donne des droits.

Finalement, même si les conceptions des alternatives changent d’un pays à l’autre, la transition est présente sous une forme ou une autre dans toutes les régions d’Europe occidentale, toujours à la recherche d’une société plus juste, plus démocratique, plus écologique et plus
sociale.

Rédaction par Paule, étudiante à Sciences Po Paris, pour Cap ou pas cap.

Afin de conclure cette semaine placée sous le signe de l’Europe, nous remercions les étudiantes de Science Po Paris, Jeanne, Emma, Paule et Marta, qui ont créé le contenu cette semaine !

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